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. Un jour elles furent arrêtées par une patrouille allemande, elles avaient un message roulé dans la pompe de la bicyclette. Elles se sont mises à parler avec eux et à rire afin de ne pas éveiller des soupçons. Les soldats les ayant poussées pour les aider à repartir- c'était dans une côte- elles les ont quitté en leur envoyant des baisers de la main. Une fois hors de vue elles ont pédalé, pédalé….
Sur cette période mes parents et mes grands-parents ne parlaient presque pas.
Après la guerre mes grands-parents sont « remontés » à Wisches où ils ont retrouvé une maison bien abîmée. C'est là qu'on leur a donné des œufs et prêté une poule qu'il a fallu rendre…
Ils ne parlaient pas de cet  après-guerre où ils ont « encore souffert », ils ont dû se retrousser les manches pour se reconstruire.
Papa s'est engagé dans l'armée de l'air…( le maquis, les exploits… il n'en parlait pas)
 
Anne Marie Brocheny Guy
Anecdotes
 

« Un officier français à la retraite ne travaille Pas. » texte de Christine Ganier
 
Placide Ganier (1857-1940); c'était une forte personnalité et cette anecdote le justifie :
« La scène se passe à Hersbach un après-midi d'août 1940.
Sur le trottoir, devant sa maison, Marie Antoinette GANIER (dite « la Manette ») âgée de 58 ans s'active à casser  du bois à la hache sur un fût de sapin, afin d'en faire provision pour l'hiver. A quelques pas d'elle, son père Placide GANIER, âgée de 83 ans, se repose sur un banc, sa canne posée à côté de lui ; lorsque arrive sur la route du village, une patrouille allemande qui marche au pas cadencé. En passant devant la maison, le gradé qui conduit la patrouille interpelle la Tante Manette, en lui disant : « Tu ne peux pas faire casser le bois à ce fainéant ? . Le grand-père réplique aussitôt en allemand :  « Un officier français  en retraite ne travaille pas ! » (C'était un mensonge, il n'était pas officier !). Le gradé allemand marmonne quelques mots en allemand et poursuit sa route avec ses soldats.
Le soir, en descendant la route d'Hersbach à Wisches, la Tante Manette avait encore très peur, ils auraient pu être arrêtés par les SS.
Quelques jours plus tard, le 3 septembre 1940, le grand-père Placide décédait, lorsque les Allemands pénétraient à nouveau dans Hersbach.
 
« Ma pas pl'é vous »
 
René Weber, propriétaire de l'auberge de la Poste , anciennement Schaller, ne parlait pas le français ou très peu, ce qui ne l'empêchait pas de ne pas aimer les allemands et particulièrement les soldats de l'armée d'occupation.
Un soir de l'été 1940, deux gendarmes allemands en vélo s'arrêtent pour se rafraîchir dans son auberge. Il les sert parce que « bien obligé » tout en marmonnant comme d'habitude.
Les deux gendarmes s'attardant quelque peu René Weber décide de leur jouer un tour.
Il sort de l'auberge et précipite les deux vélos dans la grande fontaine voisine et s'en retourne servir la clientèle. A la nuit tombée nos deux gendarmes quittent l'auberge et à la recherche de leurs vélos ameutent tout le quartier.
Ils retrouvent enfin leurs bicyclettes et s'en retournent chez l'aubergiste pour lui signifier leur mécontentement. Devant une cascade d'injures, que René Weber comprenait  très bien, et voulant leur montrer qu'il ne comprenait rien à leurs insultes parce qu'il ne parlait que le français, il leur répond très fort: « Ma pas pl'é vous !! » Autrement dit, je ne vous ai pas demandé de venir.
Quelques mois plus tard son auberge est fermée parce qu'il refuse d'entrer dans une association nazie, et parce que son fils a fui dès 1941.
Une pancarte fixée sur la porte de son établissement indique: « Geschlossen bis zum Sieg » fermé jusqu'à la victoire.
 
« Il y a déjà assez d'Adolphe comme ça ! »
 
Marc Ganier, le jour de la déclaration de la naissance de son fils, quelque peu gavroche il répond au fonctionnaire allemand qui lui a tendu la liste des prénoms autorisés:
- il n'y en a aucun qui m'intéresse ...
-mais si, répond le fonctionnaire, regardez, en haut de la liste, il y a "Adolphe"
-merci, répond-t-il, des "Adolphe" il y en a assez comme çà
L'incident failli déclencher une procédure policière, heureusement Marc Ganier pu démontrer que le "assez comme çà" était bien involontaire mais dû au fait que lui-même était prénommé "Adolphe"en troisième prénom ; depuis ce jour, à Wisches, Marc Justin Adolphe Ganier était appelé "Adolphe le Rouge du Veff"……. Je suis né Christian (chrétien, en allemand)  Josef Ludwig GANNER. ( Les  occupants ont germanisé les patronymes à consonance française)
 

Pendant la guerre mes grands-parents HENRI GUY et mon père Hubert GUY sont partis de Wisches avec un maigre baluchon pour une destination inconnue. Ils ont tout laissé maison, meubles, bêtes…Ils ont atterri à Valréas. Ils habitaient à côté du restaurant du secours national –qui se situait juste derrière l'hôpital-. Au début ils ont souffert de faim, venant d'Alsace, on les traitait de boches. Dans les fermes on ne voulait pas les ravitailler.
En bon croyant, le premier dimanche où ils sont arrivés à Valréas, Papa et un copain sont allés à l'église, à la sortie ils ont fait connaissance avec Maman et une amie. Et, à partir de là leur séjour a été « plus doux ».
Papa avait 18 ans et Maman 16 ans.
Charpentier, Herry, R. Vincent – c'est de la famille-, Douvier- je crois que mon grand-père travaillait à la carrière-, Charton …sont des noms que j'ai entendus souvent après guerre, mais je n'y prêtais pas attention étant beaucoup trop jeune.
Arrêté à la ferme de La Lance, mon père a dû son salut pour avoir sauté du camion en gare d'Avignon. Papa faisait parti du « réseau Provence » au-dessus de Montmirail (dans les dentelles). Maman et ma tante travaillaient dans une ferme juste au-dessous et ce sont elles qui servaient de liaisons avec Valréas. Elles faisaient le trajet à bicyclette.
« Ils sont partis comme beaucoup, … avec un simple baluchon » Anne Marie Brocheny Guy.
 
Les Alsaciens ...chez les Frères, c'est en 1943, à quelques kms de Valréas;
le 2ème à gauche c'est mon gd'Père Henri GUY