Départ de Roger Vincent et Paul Diebold pour la France Libre...
propos recueillis auprès de Roger VINCENT le 11 mai 2009.
Dans l'espoir de retrouver mon frère Robert Vincent parti la veille; le soir du 27 juin 1941 je décide de quitter Wisches par la forêt en compagnie de Paul Diebold.
On s'arrête chez "l'Adolphe" Ganier, le boulanger pour se ravitailler... il était 22 heures. L'Adolphe nous prépare quatre gros "casse-croûte" et nous dit "Tenez, en voilà deux pour vous... les deux autres c'est pour ces deux prisonniers de guerre français évadés que ton frère Vincent m'a ramenés hier soir et que je cache... vous les emmenez avec vous ".
A minuit nous quittons la boulangerie pour le Donon.
A la pépinière de Hersbach nous prenons de l'eau et là, je sens une odeur de fumée qui se dégage d'une baraque... c'étaient trois autres Wischois: René Wiant, Paul Hochstetter et Lucien Furschmuller qui s'apprêtaient également à passer en Zone Libre.
C'est donc à sept que nous prenons le chemin de Raon les Leaux pour nous rendre chez Joseph Batlo, un bûcheron qui avait travaillé à Wisches.
Oh! stupeur, en entrant dans la cuisine on aperçoit, trônant sur le buffet, un portrait d'un commandant allemand en grand uniforme.
Devant notre hésitation, Joseph Batlo nous dit en riant " tu sais bien que j'ai marié une boche... c'est son frère, il est à Luneville et il nous rend beaucoup de services".
On s'apprêtait à manger un "pot au feu" quand, soudain, Roger Gérard, l'instituteur du village d'à côté, nous annonce à grands cris l'arrivée d'une patrouille allemande.
On planque tout, et comme l'Adolphe, le Paul Batlo nous dit... " eh! les gars, vous ne partez pas seul..." il ouvre une trappe sous la table et là... trente autres fuyards nous rejoignent.
A St Dié, un dénommé Colin nous installe dans un wagon... direction Sochaux où nous retrouvons le frère de Paul Diebold... j'apprends l'arrestation de mon frère Robert, le soir même de son départ.
Nous arrivons à Valréas quelques jours plus tard, où je décide de remonter sur Wisches récupérer mon frère. Voyage plein de péripéties, mais inutile: mon frère est prisonnier des Allemands.
Retour à Valréas, transfert sur Marmande puis départ pour l'Espagne. Je me fais passer pour un Canadien pour éviter l'expulsion vers la France. Je prends le nom de William Foster, le nom d'un auteur dont j'avais lu un livre. On me transfère à Gibraltar... Pris en charge par la Croix Rouge, départ pour le Vermont aux Etats Unis... le Canada... l'Angleterre où je suis intégré au 4ème Bataillon de Parachutistes "Special Air Service", (les fameux SAS... note du webmestre)
Note d'Antoine Roze, son petit fils "... après avoir reçu une formation très poussée en Ecosse, il débarque à Vannes le 6 juin 1944 à 0h20, avec pour mission d'empêcher les renforts allemands d’arriver. Il était lieutenant et dirigeait un stick (groupe d’une vingtaine d’hommes)"
Avec le 4ème Bataillon il poursuivra sur les Côtes du Nord... Epernay... la Hollande... l'Allemagne... l'Autriche... mais ça, c'est une autre histoire.