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Le moulin de Klein-Wisches dispose, grâce à la dérive d’un ruisseau, d’une réserve d’eau de quatre-vingts mètres cubes. Pleine, elle permet de faire tourner la grande roue en bois, légèrement en contrebas, pendant trois heures. A travers un système de poulies, d’engrenages et de courroies, la rotation de la roue actionne le «haut fer», une lame de scie verticale, et fait avancer le chariot qui porte la grume. Le fer mord le bois en descendant, alors que le chariot est immobile. Pendant que le fer remonte à vide, la grume avance.
Ce fonctionnement, relativement simple, est aussi fort long. Pendant le sciage d’une longueur de grume de quatre mètres, le sagard a le temps de s’occuper de son jardin ou de menus bricolages. Une clochette l’avertit lorsque le chariot est arrivé en bout de course. Il lui suffit alors de le ramener au point de départ pour scier une deuxième planche. Le moulin du Klein-Wisches fonctionne ainsi jusqu’en 1905.
Cette année-là, après le décès de son père, Jean Frémiot prend la succession de l’affaire familiale. Il loue aux établissements Scheidecker, de Lutzelhouse, une scierie située près de la gare de Hersbach. Il exploite cette entreprise jusqu’à la déclaration de la guerre en 1914, refuse alors de servir dans l’armée allemande et quitte l’Alsace pour s’engager dans la Légion. Après la guerre, il revient à Wisches récupérer ses biens mis sous séquestre par les Allemands en janvier 1915.
La scierie Frémiot, à Wisches, au début du siècle, employait une centaine d’ouvriers, bûcherons, voituriers, camionneurs, chefs de chantiers, mécaniciens, sagards et manoeuvres.
 
Remise de médailles du travail à la scierie Frémiot, en 1954. Jean Frémiot, troisième à partir de la droite, au premier rang, arrête l’exploitation de la scierie en 1962.
 
Identification Hubert Werlé... de gaucheà droite...
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Le moulin du sagard
Retrouvez l'intégralité des textes et des photos ...
in l'excellent ouvrage de Claude Keiflin
- Gens de Bruche, une vallée vosgienne et son patois- édition de La Nuée Bleue
 
Photos Coll. Marie Odile Alart Frémiot
Le moulin à bois fonctionnait grâce à l’énergie des cours d’eau.
La famille du sagard installé au moulin à bois du Klein-Wisches au début du siècle.
 
Le sagard est payé au «mille de planches» il reçoit cinquante francs de l’époque.
Le moulin du Klein-Wisches n ‘est plus en activité depuis 1905. De la grande roue, il ne reste que l’axe en bois en 1962. Sur la photo: Georges Alart.
En 1920, il fonde la société Alphonse Frémiot et fait construire au bord du Netzenbach, le ruisseau de Wisches, une scierie mécanique entraînée par une machine à vapeur de deux cents chevaux.
«On l’appelait la machine à peur, se souvient Marie Odile Alart-Frémiot, la fille de Jean. Elle faisait énormément de bruit et sentait l’huile. La scierie Frémiot est alors l’une des plus importantes d’Alsace. Elle occupe une centaine d’ouvriers, bûcherons, voituriers, camionneurs, chefs de chantier, mécaniciens, sagards et manoeuvres. Elle vend ses produits de sciage dans toute la France et en exporte une partie vers l’Italie.»
En 1940, Jean Frémiot, considéré depuis la Grande Guerre comme déserteur de l’armée allemande, quitte une nouvelle fois la région. Un gérant, originaire du pays de Bade, est nommé par l’administration du Reich pour diriger la scierie mise sous séquestre. Dès la Libération, Jean Frémiot reprend possession de ses biens. Il doit demander un emprunt pour assurer la première paye des ouvriers. Il rénove et modernise les installations, en électrifiant les machines, et se met en quête de nouveaux débouchés. Mais, vers la fin des années cinquante, l’arrivée sur le marché de nouveaux matériels à haute performance obligerait à de lourds investissements, et Jean Frémiot préfère arrêter les activités de la scierie en 1962. Deux ans plus tard, un incendie détruit les machines qui n’ont pu être vendues lors de la cessation d’activités. Jean Frémiot ne survit pas longtemps à son entreprise : il meurt en 1968, à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
Au siècle dernier, la vallée de la Bruche était truffée de moulins à bois, des micro scieries qui fonctionnaient épisodiquement, lorsque le débit du ruisseau était suffisant pour actionner le «haut fer». La plupart de ces moulins ont disparu. De celui du Klein-Wisches ne subsistent que le bâtiment et l’axe en bois de la grande roue.
Le moulin a été acheté en 1858 par un certain Mathieu, de Strasbourg, qui le revend peu après à Alphonse Hubert Frémiot, fils d’une lignée d’instituteurs exerçant depuis une centaine d’années à Wisches. Alphonse Frémiot rompt avec cette tradition d’enseignement pour s’orienter vers le commerce du bois d’oeuvre et d’industrie dont l’Alsace, la Lorraine et la région parisienne représentent les principaux débouchés. Il dirige des chantiers d’exploitation forestière dans la vallée, acquiert le moulin du Klein-Wisches dans lequel il installe un sagard, payé, selon la coutume au «mille de planches». La planche de référence a douze pieds de long (quatre mètres), neuf pouces de large (vingt-cinq centimètres) et un pouce d’épaisseur (vingt-sept millimètres).