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Quand Wisches avait ses "bains douches"...
** notes recueillies auprès du fils d'Enest: Gilbert Wietrich dit "le Gilbert de la salle des fêtes"
 
Anecdote en hommage aux hommes cités dans ce texte:
 
En 1940, peu avant la fin des hostilités, un grand nombre de militaires français bivouaquait dans les prés jouxtant la salle des fêtes ( aujourd'hui terrain de sport)... Un matin, trois" Stuckas" nazis ont mitraiilé la troupe et laissé pour mort un grand nombre de soldats.
 
Les dépouilles de ces malheureux furent déposées provisoirement dans la petite salle à côté du bâtiment.
Le soir venu, Ernest Wietrich alla se recueillir devant les corps lorsqu'il entendit un râle, c'était un soldat laissé pour mort.
Il s'empressa d'alerter les responsables encore présents qui firent transporter le blessé au sanatorium de Schirmeck .
 
En 1947, ce même blessé, sauvé par Ernest Wietrich, vint frapper à sa porte pour le remercier chaleureusement.
Témoignage de Pascal MATHIEU fils de René MATHIEU (1936/1985) appariteur garde champêtre.
 
Bonjour,  mes parents se sont installés à la salle des fêtes en 1975, j' avais alors 14 ans et le vendredi soir, le samedi et le dimanche matin je tenais la caisse assis derrière la petite table sous l' escalier qui monte à l' appartement de fonction je me rappelle avoir un carnet à souche et devais donner un ticket aux gens qui venaient se laver et avaient payé. Ils attendaient leur tour assis sur ce long banc en bois. Quand une personne quittait la douche ou le bain qu’elle venait d’occuper je devais alors prendre une serpillière, vérifier que rien n’avait été oublié dans le minuscule local et je devais ensuite passer la serpillière. Pour ce qui est du délai d’occupation d’une douche ou d’un bain, je sais que je devais, lorsque le temps me paraissait un peu long, frapper à la porte pour demander si tout allait bien et signaler que le temps était écoulé. A la fermeture des portes j’allais alors laver le sol de ce long et interminable couloir!
Petite anecdote:
Quand nous, les occupants, voulions nous doucher, nous nous "battions" pour pouvoir occuper la douche numéro 1 parce que celle ci se situait au dessus de la chaudière et donc avait le chauffage "au sol" et elle était également un peu plus spacieuse que les autres !
A propos de la chaudière, elle fonctionnait au coke et je me souviens de mon père "nourrissant" à grand coups de fourche à charbon, ce monstre vorace qui lâchait des gaz qui piquaient la gorge et les yeux. La chaudière se situait dans une fosse et quand elle ouvrait sa gueule, tout le local chaufferie était éclairé. En entrant à droite se trouvait le stock de coke immense ou seules, quelques planches retenaient ce tas mouvant ! Dans la fosse, à gauche se trouvait un puits de récupération des eaux, qui fuyait de partout. De temps à autres nous pouvions actionner le robinet qui vidait par aspiration ce trou nauséabond !
J’ai beaucoup de bons souvenirs de cette époque, les bals, les pelouses immenses à tondre, les longues rangées de troènes à tailler....Les fêtes, cette grande salle vide dans laquelle nous pouvions jouer par mauvais temps ....
J’ai habité à la salle des fêtes jusqu' à la mort de mon père en 1985 ! Donc je pense, en ce qui concerne ce sujet, connaître tout les petits recoins de cette bâtisse !
 
Pascal MATHIEU fils de René MATHIEU (1936/1985) appariteur garde champêtre.
 
Notes du webmestre
 
Aux lendemains de la 1ère guerre mondiale, un certain nombre de villages de fond de vallée furent dotés de nouvelles salles des fêtes communales de plus ou moins grande ampleur selon les cas, comme ici à Wisches entre 1920 et 1925. ( 1936 d'après mes recherches... le webmestre ) Le style et l'allure générale sont plutôt influencés par l'architecture classique française, ce qui n'est probablement pas dû au hasard, compte tenu des événements précédents. La même recherche ou affirmation identitaire par l'expression artistique et stylistique existe sur la plupart des salles des fêtes construites durant cette période dans la vallée de la Bruche, et notamment dans la commune voisine de Russ. Pour la salle des fêtes de Wisches, on suivit plus précisément les principes architecturaux des demeures seigneuriales et des grands hôtels urbains français du 18e siècle. On remarque également jusqu'au souci du détail de référence dans l'emploi systématique des garde-corps en fer forgé sur l'ensemble des grandes baies de l'étage. Deux bâtiments annexes mais contemporains sont rattachés à ce complexe communal ; un corps de bâtiment directement accolé au sud de la grande salle doit comprendre au rez-de-chaussée les cuisines et autres dégagements nécessaires à la tenue des spectacles et manifestations. L'étage doit actuellement être utilisé comme logements locatifs pour particuliers et le second petit bâtiment (annexe séparée) comme salle de sports pour les enfants.
 
description Bâtiment de grande ampleur et de forme rectangulaire. L'ensemble comprenant la salle des fêtes et le bâtiment annexe accolé au sud est doté d'un sous-sol de caves, d'un rez-de-chaussée surélevé et d'un étage. On accède de plain pied uniquement par la Grand-Rue. La salle des fêtes comporte six travées sur chacun des murs-gouttereaux et quatre travées sur la façade d'entrée. Les fenêtres alternent avec les faux pilastres et chaînes d'angle qui rythment les élévations. Toit à longs pans et croupes pour la salle des fêtes et les bâtiments annexes, et demi-croupe sur l'avant-corps du petit bâtiment séparé.
 
Sources: Fritsch Florent ; Haegel Olivier in Inventaire Général
La salle des Fêtes de wisches, construite en 1936, avait comme première fonction de donner au village une belle salle de spectacle avec scène et coulisses mais aussi d'apporter à la population un confort que beaucoup de villages nous ont envié:
- des "Bains Douches"
 
En effet, derrière et en-dessous de la scène un long couloir transversal ouvrait sur une série de portes donnant accès à de petites salles carrelées de blanc, les unes avec baignoire (4), les autres avec douche (5).
 
On y accédait par l'arrière gauche du bâtiment, en face de ce qui est aujourd'hui une salles de réunion.
Un escalier extérieur menait dans une entrée d'une dizaine de m2, dans laquelle un escalier en bois conduisait à l'appartement de fonction du maître des lieux: Ernest Wietrich et de son épouse.
 
Un banc faisait office de siège pour les clients, sous l'escalier, une petite table servait à la distribution des tickets. C'est Mme Wietrich qui tenait la caisse.
 
Sur la gauche, une porte, toujours ouverte, donnait sur un local en sous-sol où pronaient deux énormes chaudières noires qu'Ernest Wietrich alimentait en coke à grands coups de pelle. Une forte odeur de vapeur et de gaz polluait quelque peu l'atmosphère.
 
Les "bains douches" ont fonctionné jusque dans les années 1980/85 (à vérifier) à la grande joie des habitants. C'était un lieu de rencontre convivial où l'on passait en revue les derniers potins du village.
Ils étaient ouverts les vendredis soirs, les samedis toute la journée, le dimanche matin jusqu'aux heures de la messe.
 
Les tarifs étaient modiques. Le temps d'occupation d'une baignoire était de 20 mn, celui d'une douche de 10 mn.
Ernest Wietrich était le seul autorisé à remplir les baignoires, les "clients" les vidaient et les nettoyaient. Entre chaque passage Mme Wietrich appliquait un désinfectant.
 
Les époux Wietrich ont officié de 1936 jusquà leur retraite en 1958 s'occupant avec beaucoup de conscience professionnelle et de dévouement de "leur enfant"... la salle des fêtes.
 
Les successeurs: Pierrot Gaspard et son épouse, René Mathieu et son épouse...