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Tous ces jeunes reviendront sous l’uniforme, parfois gradés comme Marcel Mangin. après Dakar. l’Algérie, l’italie, les Maquis D’autres comme Georges Gaentzler, Henri Colin. Ernest Gonckel. Joseph Chatin, Joseph Trotzier ne reviendront pas: ils ont été torturés puis fusillés en septembre 1944. Joseph Trotzier avait 21 ans.
On lira, dans le numéro 73 de l’ESSOR, l’excellent article que Joseph Poure a consacré à ces héros.
L’attitude des jeunes-gens
de Wisches-Hersbach
pendant l’annexion 1940 — 1944
par François Guéry
1991
Les deux photos illustrent l'arrivéee des premiers chars américains à Wisches le 25novembre 1944     Photo coll. Denise Rodheghero
Le "Haut Bout" après les bombardements de 1944
Photo coll. M.L Luck
Les " Birous "de 1939. De gauche à droite (au premier rang): Adoiphe Chaude et liubert Nicoic (sur les boeufs). Henri Lacave. Lio (de Rothau). Michel Schneidcr. Marcel Mangin et Charlot Bertoni.
Au deuxième rang: Edouard Dornberger. Roland Poset. Antoine Poré, Lucien Furchmuller, Paul Boxberger. Paul Emmendorfer. Antoine Bader. Joseph Poré. Manque sur la photo: Henri Kester.
 
Identification des visages par Marie Odie Allart-Frémiot et François Guéry.
La Vallée de la Bruche, francophone et plus vosgienne qu’alsacienne, viscéralement opposée à l'Allemand et réfractaire aux  idéaux germaniques et nazis, manifeste une vigoureuse opposition aux vainqueurs après juin 1940.
Ceux-ci ne s’y trompent pas: Camps de Schirmeck et du Struthof ne sont pas nés d’un hasard administratif...
Dans ce contexte, les jeunes gens de Wisches-Hersbach, dont beaucoup reviennent dc l’armée vaincue ou de Stalags (camps de prisonniers), ont une attitude tout à fait remarquable. Bien que placés dans des situations très diverses, ils vont pratiquement tous réagir dans le même sens: «maintenir une certaine idée de la France».
 
Certes, les moins exposés sont ceux qui. partis avec leur administration avant la défaite ou avec l’Ecole Normale d’instituteurs d’Obernai repliée à Solignac (Haute-Vienne) se retrouvent «en France».
Tous refuseront de rentrer en Alsace en dépit des pressions exercées et passeront les années noires de l’occupation comme ils pourront. La plupart reviendront sous l’uniforme de la 1ère Armée, de la Marine Nationale ou de la 2e D.B., comme Edouard Bertoni, Jean Harbourg et l’auteur de ces lignes.
Bien plus menacés sont ceux des classes 1920 à 1923 restés au village qui. pour éviter de terribles représailles, au mépris du droit des gens et des Conventions d’Armistice, sont contraints d’endosser l’uniforme allemand. Beaucoup. partis la rage au cur pour une guerre qui n’est pas la leur, tomberont sur des champs de bataille lointains comme Ernest Grandadam et René Himber. deux noms parmi tous ceux qui couvrent les monuments aux morts et qui évoquent pour moi, des camarades de jeux, des camarades de classe, sur les bancs de l’école.
Quelques uns parviendront à déserter comme Robert Vincent. Charton. Dubois, Kronberger. Gerth... et d’autres. après deux
même trois tentatives, comme Charlot Bertoni, survivant parfois à des aventures rocambolesques comme celles que raconte Germain Rodeghiero *) dans un petit livre de souvenirs qui est un précieux témoignage.
Certains, comme Hubert Himber en reviendront marqués pour le reste de leurs jours par d’horribles blessures. lis font partie
ces «Incorporés de Force», de ces «MALGRÉ-NOUS». dont Alfred Wahl a magistralement retracé le calvaire.**)
 
Un très grand nombre, une cinquantaine, devant la menace précise qui pèse sur eux, quittent le village, conseillés par René Stouvenel et Mme Ernestine Charlier de Hersbach. dont le rôle comme passeurs est bien connu. ils retrouvent tout naturellement
anciens cheminements de l’Alsace à la Lorraine par les petits cols s’ouvrant dans la montagne. Ils ne partent pas tout à fait à l’aventure, les uns, comme Joseph Brand, vont retrouver de la famille à «l’intérieur», mais la plupart: Paul Schreyeck, Paul Ohrel, Adolphe Claude, Robert Vincent, Charles Petitcolin. André Bastien, Paul Weber, Joseph Guery. les Porré, les trois Zurmely, les Herry. Théophile Thalgott... impossible de les citer tous. se retrouvent dans une charmante petite ville provençale: Valréas en Vaucluse. Ils sont si nombreux que le maire leur attribue une maison. Pourquoi Valréas’? …  parce qu’au «Secours National» règnent derrière des fourneaux accueillants M. et Mme Charpentier de Wisches: ravitaillement assuré
Photo coll. M.O. Allart-Frémiot
Bibliographie
Rody Germain. Cinq uniformes pour gagner une guerre -Barembach. Gyss.
WAHL (Alfred). L’incorporé de force d’Alsace-Lorraine. Analyse critique des récits de guerre in: Mémoires de la 2» Guerre mondiale Centre de
Recherche d’histoire dc l’Université de Metz. 1984
WAHL (Alfred). articles Incorporés de Force» et «Tambov» in: Encyclopédie de l'Alsace, Strasbourg. Publitotal
FUCHS (François-Joseph), L’incorporation de force des Alsaciens-Lorrains dans la Wehrmacht in: Saisons d’Alsace, 1971. p. 293-323
Catalogue de l’Exposition »Les Alsaciens-Mosellans dans la 2» Guerre Mon1iale». 1984
Emissions de télévision: Les Malgré Nous., FR 3. 1983: -L’Alsace, prise de guerre». FR3 Alsace. 1» nov.. 11 nov. et 16 nov. 1986 (avec la
participation de Alfred WAHL. Eugène RIEDWEG. François-Joseph FUCHS et Alphonsc IRJUD) DEGEN (Gustave). Malgré-nous: de la Wehrmachtâ Tambov.., Paris, Alsatia. 1952
 

Texte intégral de M. François GUERY in l' ESSOR 150 de mars 1991
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Rien, avant 1940. ne destinait le paisible village dc Wisches-Hersbach à être, proportionnellement à sa population, l’un des plus résistants d’Alsace, encore pour être complet. faudrait - il ajouter les expulsions et déportations qui précédèrent ou suivirent les évasions. Le plus singulier est qu’aucune distinction officielle ne soit venue manifester la reconnaissance des pouvoirs publics pour cette commune héroïque. Cinquante ans après. on peut encore s’en étonner.
 
François GUERY